lundi 10 mai 2010

Si j'avais les ailes d'un ange, je partirais pour...

Je ne tiens pas ma langue bien longtemps. Je ne vous ferai pas languir une semaine, voyons! Me revoici déjà à la tâche pour vous raconter un peu. Alors, comme j'ai passé le plus clair de mon temps à la Maison du Québec, voici les grandes lignes de mon emploi saisonnier.

En gros, les gens viennent nous voir pour parler. Jaser. Se raconter. Se remémorer. Partager. Discuter. Papoter. Tout ce que vous voudrez!

Voilà le but premier de la Maison du Québec, offrir un lieu d'échange, de partage, de communication entre la France et le Québec.

Alors les Québécois, curieux de voir les drapeaux québécois hissés bien haut sur les remparts, nous abordent joyeusement en lançant un "Allo" ben québécois, se sentant chez eux. Certains ne comprennent pas tout de suite que nous sommes Québécoises (peut-être notre "Bonjour" légèrement plus articulé pour la bonne compréhension de tous est-il trompeur?) et s'informent de ce que nous faisons ici. Ce sont généralement eux qui laissent des commentaires (un peu kétaines, avouons-le) dans notre livre d'or, du genre: "Québec, je t'aime" ou "Vive le Québec".

Les Français qui débarquent chez nous sont, pour la majorité, déjà allés au Québec, soit en voyage, soit pour y vivre un certain temps et ils ont, évidemment, adoré ça. En premier lieu, ils tendent l'oreille et sourient: "Ah! Vous êtes Canadienne vous, ça s'entend! Oh! vous avez l'accent de là-bas hein? Vous êtes Québécois, n'est-ce pas? On le voit bien à votre accent!"

Alors, premier service que nous fournissons: l'accent. Le son mélodieux de notre voix est une musique recherchée. Plusieurs nous posent des questions rien que pour nous faire parler et s'enquièrent aussitôt auprès de leur enfant, ou de leur conjoint, qui n'a pas encore eu la chance d'aller au Québec: "tu l'entends, tu entends l'accent, hein, mon chéri?" Pendant ce temps-là, nous on garde notre petit sourire en coin "ben oui, notre accent, le vôtre aussi."

Une fois la fascination de l'accent passé, ils s'empressent de nous raconter l'itinéraire parcouru, les endroits visités, le fleuve longé, notre capitale qu'ils ont bien aimée, l'hébergement chez l'habitant, les baleines, les feuilles colorées, le tour de la Gaspésie en camping-car, le séjour en pourvoirie, la cabane à sucre, tout le bon et le beau de leur visite ponctués, parfois, de quelques stéréotypes de ce que les Français apprécient moins au Québec: l'horreur du vin trop cher et du pain de mie (notre pain tranché, qui ne vaut pas leurs baguettes et leurs miches). Mais en général, ils n'ont que des bons mots pour nous et notre accueil chaleureux et les stéréotypes ne sont que des prétextes pour discuter encore et encore, pour écouter notre accent, encore et encore...

L'autre catégorie de visiteurs français la plus populaire est du type "rêveuse". Ils n'y sont pas allés (pas encore, ce n'est qu'une question de temps), mais, ils ont inévitablement de la famille là-bas, ou un enfant qui part bientôt étudier là, ou un couple d'amis, ou un projet de voyage, au pire, un cousin éloigné qui les invite année après année et qu'ils iront peut-être enfin visiter... Se référer au paragraphe précédent pour la teneur de la discussion, en version projetée dans le futur et avec la peur du froid en prime.

Finalement, la catégorie la plus rare, mais la plus comique. Ceux qui ne connaissent pas du tout et dont le but de la visite demeure incertain. Ils sont peut-être entrés par curiosité, mais plus probablement parce qu'ils cherchaient des toilettes pas loin de la plage. De celui qui a peur de mourir gelé en allant travailler en snowmobile, en passant par celle qui croit qu'elle devra obligatoirement épouser un bûcheron ou encore celle qui me demande après un échange en français qu'elle semble avoir pigé, si je parle aussi français? Et si cela a été difficile pour moi de l'apprendre en arrivant ici? Plusieurs pensent que notre langue officielle est le canadien et nous demande de le parler.

Comme vous l'aurez deviné, je parle et j'entends parler du Québec à profusion, tellement que si j'avais les ailes d'un ange, je partirais pour... Québec! Eh oui, je n'ai pas envie d'écourter mon voyage, ça non! Mais si j'avais quelque pouvoir magique, je partirais sur mon canot volant, faire la chasse-galerie, le temps d'une nuit, dormir comme un ange au Québec et revenir de sitôt, avant que le soleil ne se lève, sur Saint-Malo. En faisant bien attention de ne pas blasphémer ou, pire encore, d'accrocher au passage les clochers des églises, car ils sont nombreux par ici!*

*(si vous ne comprenez pas trop, vous référer au lien suivant, voir le paragraphe Au Québec http://fr.wikipedia.org/wiki/Chasse-galerie)

Sur ce, je vous dit, à bientôt!

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