mardi 11 mai 2010

Prendre le large

Encore moi. Je prends le temps de vous partager quelques images ou événements qui se sont produits depuis mon arrivée à Saint-Malo, avant qu'ils ne prennent le large. Si je remets cela à plus tard, je n'en parlerai jamais: les nouveautés se succèdent à un rythme fou.

Andrée-Anne chez les Bretons
Avant mon départ, on m'a mis en contact avec François et Nicole, un couple de sympathiques Bretons à la retraite dont la maison de campagne se trouve à quelques minutes de Saint-Malo. Lundi 3 mai, ils sont venus gentiment me chercher à ma sortie du manoir de Limoëlou, musée sur Jacques Cartier que j'ai visité dans le cadre de mon emploi. (Très intéressant par ailleurs). Alors Nicole et François m'ont accueillie pour le déjeuner (repas du midi) chez eux, à Cancale, puis nous sommes allés faire une randonnée sur le sentier des Douaniers, qui longe la côte.

Le rocher de Cancale

Ils ont fait mille détours pour me montrer la petite chapelle des marins, les plages, le rocher de Cancale, les fermes marines où on cultive les huitres, les huitrières, la pointe du Grouin, en plus de ponctuer leur description de petits dictons bien d'ici. Par exemple, les connaisseurs ne mangent pas d'huitres lors des mois qui n'ont pas d'"r" (mai, juin, juillet, aout), elles sont moins bonnes et plus chères car c'est la saison touristique. (Ce qui me fournit du même coup une excellente raison pour esquiver l'obligation d'y goûter)

La culture d'huîtres et très au loin, le mont Saint-Michel

Il faisait un froid de canard, mais le soleil perçait les nuages et on voyait au loin le mont Saint-Michel, c'était sublime. Alors j'ai aussi appris que le mont Saint-Michel, qui se trouve à la limite de la Bretagne et de la Normandie, se serait finalement retrouvé en Normandie à cause d'une petite rivière nommée le Couesnon. Les sables mouvants autour du mont saint-Michel l'auraient déplacé davantage du côté de la Normandie à cause de cette rivière qui a décidé de passer côté Bretagne et ainsi pousser le mont dans la région voisine! Alors on dit: "Le Couesnon en sa folie, a mis le mont en Normandie."

Tant de belles choses que je n'aurais pas pu découvrir sans leur générosité. Merci François et Nicole.

Dis, si on allait à Dinard?
Il est midi et j'hésite encore à mettre le nez dehors, le ciel est tout blanc depuis la veille. Une grande page blanche, comme s'il manquait d'inspiration! Par contre, moi j'ai plein d'idées et je ne sais pas par laquelle commencer. J'attends la chaleur pour visiter Jersey, même chose pour Guernsey, même chose pour le vélo, l'équitation, le mont Dol et le bateau: il fait trop froid pour tout. Et soudainement, une éclaircie. Dans le ciel et dans ma tête. C'est clair, je vais à Dinard.

Dinard, c'est la ville d'en face, plus ou moins, elle est séparée de Saint-Malo par La Rance, un fleuve. Il y a un barrage qui relie les deux villes, c'est la seule usine maréemotrice au monde.

Tandis que je marchais vers la gare, le ciel a bleui, les nuages ont complètement disparu et le soleil est apparu. Beau temps pour une randonnée. Je surestimais la grandeur réelle de Dinard, sur le plan je pensais avoir le temps de marcher seulement une des plages et la pointe du Moulinet, mais en réalité, j'ai marché toute la côte, à l'intérieur des quartiers de riches demeures, deux plages, les rochers, le centre-ville.

J'ai eu le temps de déguster des pâtisseries, de m'attarder dans un snack pour manger une tartine au reblochon et aux lardons, lire, profiter du soleil sur des rochers à l'abri du vent (eh oui, je ne rêvais même plus de trouver un tel endroit, à l'abri du vent, tellement le vent est présent dans chaque racoin ici, mais ça existe à Dinard).

Les galeries d'art pullulent à Dinard, aussi rebaptisée Din'art par certains, chaque coin de rue sert de vitrine à des artistes d'ici et d'ailleurs. J'ai rencontré une Québécoise exilée là-bas qui a ouvert une galerie d'art et de création, Les cahiers de l'imaginaire. Elle m'a parlé pendant un certain temps de ses projets, tous nés d'un rêve de construire un monde meilleur grâce à l'art. Cinq pour cent des profits de ses ventes servent à créer des activités pour développer la créativité chez les enfants, elle vend des marionnettes faites par des jeunes en réinsertion sociale, elle fait des ateliers avec des enfants autistes, elle essaie de mettre de l'avant des produits québécois dans sa boutique, bref, l'endroit a été inauguré en février et ça foisonne déjà de belles idées.

Autre détail important, un certain chocolatier de Dinard s'est assuré aujourd'hui même ma fidélité pour le reste de l'été, non seulement les chocolats noirs sont riches en cacao, mais en plus les noisettes et les pistaches abondent et les saveurs de framboise, de gingembre et de fruit de la passion ont eu beaucoup de succès lors du premier essai.

Je reviendrai à Dinard...

Oiseau de malheur
Un si bel après-midi ne peut se terminer sans un incident cocasse. Certains connaissaient peut-être ma haine pour les goélands, ces rapaces qui rôdent au-dessus de nos têtes en criant sans arrêt. Je les détestais vraiment depuis ce jour maudit où un des leurs avait lâché ses fientes aux relents de McDo en plein dans mon pique-nique à peine entamé. Mais voilà qu'après 13 ans de rancune, la semaine dernière, sur les remparts un goéland faisait le beau (sans doute pour qu'on lui refile un morceau de pain quand j'y repense) mais il était là, sage, calme, l'oeil doux. Je me suis dit, tiens ici ils sont pas virés fou à cause du McDo, sont pas si laids au fond. Et j'avais décidé de faire la paix.

Mais voilà-t-il pas qu'en fin de journée, sur le chemin du retour, je déguste une orange bien juteuse, probablement l'aliment le plus sain que je me sois mis sous la dent aujourd'hui et avant d'entamer le dernier quartier, mon regard s'attarde sur les vagues turquoises, je suis pantoise de la beauté des étincelles que le soleil crée encore passé 20 heures sur les éclaboussures endiablées, je reste là, l'orange à la main, l'esprit ailleurs.

Et chop! Comme une porte d'armoire qu'on se claque sur les doigts, le goéland maudit est venu me chiper mon dernier quartier. Je hurle et il se sauve sans demander son reste. Le quartier d'orange git au sol, il l'a même pas mangé! Mes doigts rougis et endoloris font monter en moi la colère. De mon plus bel accent français, j'engueule l'oiseau dans mes pensées: "Allez, barre-toi, oiseau de mes deux, tu me les casses!!!" C'est fait. La guerre est déclarée. Je déteste les goélands de nouveau. Et puis, j'ai blasphémé, je ne pourrai pas partir en canot volant cette nuit...

3 commentaires:

  1. C'est pour ça qu'il ne faut pas tarder à avaler nos bouchées Andrée-Anne... pour ne pas se les faire chiper par d'autres ! On se revoit à Dinard cet été !

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  2. Quels beaux paysages. J'aime la photo avec la maison sur le bord de la falaise.
    Bonne continuité Andrée-Anne!

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  3. J'aime ça te lire :) et j'adore particulièrement ta fin... hahaha! Tu peux toujours revenir en canot volant si tu le veux, mais y'a de forts risques que tu t'écrases sur le clocher d'une église ;)

    Les goélands sont pas méchants à cause du McDo, allons, t'es tellement mcdoiste!

    Cinq dodos avant mon départ pour la Vieille Capitale : j'ai hâte de t'y revoir à la fin de l'été bonita! xxx

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